J-3: le vote par défaut
J-3 avant ce fameux 1er tour des élections présidentielles et j'ai l'impression que les Français vont voter la mort dans l'âme. En me promenant sur différents blogs, ce que je peux y lire confirme ce que je peux entendre ça et là. En 2007, on ne votera pas POUR un candidat. On votera par défaut et c'est cela qui m'attriste d'ores et déjà. En effet, je n'ai pas l'impression qu'au soir du 1er tour (en encore moins du second) une partie des Français sera satisfaite. Sans doute une partie sera satisfaite, mais moi, j'aurai quoi qu'il arrive un goût un peu amer dans la bouche. Parce que l'on ne votera pas pour des idées auxquelles on croit, ni pour une personne en laquelle on croit.
J'ai lu et entendu des personnes de gauche dire "tout sauf Ségolène" et des personnes de droite convaincues dire que "non, pas Sarkozy". N'est-ce pas un déchirement pour une personne socialiste de dire qu'elle ne veut pas voter pour la représentante de son parti, surtout après le 21 avril 2002 ? Alors que doivent faire ces socialistes anti-Ségolène (mais aussi bien sûr anti-Sarkozy) ? Voter un peu plus à gauche pour bien faire comprendre qu'ils sont contre la droite et risquer de ne pas voir le PS au second tour ? Voter un peu plus à droite (mais pas trop quand même) pour un candidat qui ce situe "au mileu" mais quand même au milieu à droite ? Ou alors se résoudre PAR DEFAUT à voter Royal parce que quand même on est socialiste finalement (mais bon Ségolène présidente, bof bof...) ?
Et pour les gaullistes et les chiraquistes anti-sarkozy, quelle alternative ? Ceux-ci ne peuvent décemment pas voter socialiste ni FN...Peuvent-ils se contenter du milieu qui ne les convainc pas non plus ? Alors, finalement voter Sarkozy PAR DEFAUT alors qu'au départ "c'était non, jamais Sarkozy" ?
Je vois donc plusieurs alternatives se dessiner et aucune n'est forcément réjouissante. Dans cette campagne où l'on ne votera pas pour le "meilleur" mais pour le "moins pire", je n'ai pas besoin d'être à dimanche soir pour être déçue. Je le serai quoiqu'il arrive.
1ere alternative: voter pour un parti et être en désaccord avec la personnalité qui l'incarne (voire même avec ses idées qui sont parfois/souvent borderline...) et qu'on ne souhaite pas se taper comme président(e) pendant 5 ans: perspective ô combien peu satisfaisante
2ème alternative: voter pour le parti d'en face "pour une fois" parce que vraiment non, la personne représentant les idées auxquelles on croit elle ne fera pas un(e) bon(ne) président(e) pour la France: c'est beau de se trahir soit même ;-(
3ème alternative: voter entre les 2. Oui, ça aurait pu être un choix et je pense que c'est le choix que va faire un certain nombre d'électeurs PAR DEFAUT et PAR DEPIT. La aussi par défaut car le candidat du milieu manque un peu de carrure présidentielle et qu'à surfer sur le half-pipe entre la droite et la gauche, on a des risques de rester au fond du trou.
4ème alternative: voter extrème-gauche...pas forcément constructif mais pour "sanctionner la droite". Tu parles, la droite ça lui fait une belle jambe d'être sanctionnée si elle est réélue à cause de la dispersion des voix à gauche. Et puis, syndrôme du 21 avril oblige, pas de dispersion s'il vous plait.
5ème alternative: voter pour "Les Verts". Tiens, ça c'est pas mal. C'est important l'environnement: s'il n'y a plus de planète ou plus d'eau ou qu'on meurre tous d'être pollués, réchauffés, inondés, il n'y a pas à se demander s'il faut travailler plus pour gagner plus ou maintenir ou non la carte scolaire...La préservation de l'environnement peut alors être une condition sine qua non à la pérennité de la société. Dommage que le programme soit mince comme du papier à cigarette et que Voynet croit autant à ce qu'elle dit qu'à la paix dans le monde. Et toujours ce 21 avril qui plane...
6ème alternative: voter extrème-droite
6ème alternative: ne pas voter. Se défiler devant ses propres tergiversassions: laisser aux autres le soin d'avoir mal au crâne à force de peser le pour et le contre et pouvoir se permettre de dire que les Français sont des c... Oui mais voilà, l'ombre du 21 avril 2002 pèse. Ne pas voter, c'est éventuellement donner un coup de pouce à Le Pen pour faire partie des finalistes. Bon ben, même si maintenant on est sûr (mais bon, peut-on l'être à 100% ?) qu'il ne sera pas président ça ferait encore tâche dans le décor.
Alors, alors ? Que faire ? M'etonne pas qu'il y ait encore un bon paquet "d'indécis"...Ce ne sont pas à mon avis les indécis d'hier mais ces indécis là, ceux de 2007, se posent juste encore la question de savoir quelle partie d'eux-mêmes ils vont devoir renier dans l'isoloir...J'envie donc ceux qui savent déjà, soit parce que leur candidat, ses promesses et son programme sont en ligne avec leurs idées, soit parce qu'ils ont déjà réussi à assumer leux choix...
Moi, je voudrais bien qu'on puisse faire comme au Scrabble. Redonner tous les jetons, passer un tour et en avoir d'autres. Parce que ceux-là, je sais pas qui les a piochés mais voter pour l'un deux, c'est aussi facile que d'écrire un mot sans voyelle et avec le K, le X et le W...